L'appel de ma destinée.

Tout bas, il prononça quelques mots.
« Je ne t’aime plus, laisse moi. ».

Derrière lui, la cité Blanche, devenu à ses yeux… Plus rien.
Igust contemplait Amakna du haut de cette colline, comme à chaque fois. C’était le crépuscule, et au loin le jeune disciple voyait ce qu’était devenue la vie. Chaque âme de cet Amakna, commerçants escrocs, passants avares, aventuriers cupides…
Le poing serré, Igust se laissa vagabonder au fil fort étroit de sa vie.

Vie décadente.
Il était allé de clan en clan, de déception en déception, de joie en pleure, de rire en larme. Les sentiments n’étaient pour lui devenus qu’une nouvelle source de mal, une force qui vous pousse à souffrir. Cela faisait des années qu’il servait Jiva avec dévouement, sans pour autant en avoir reçu les louanges. Dieu vaniteux, Saigneurs de la lumière bafouée, Jiva n’était qu’un prêcheur de la bonne parole mais finalement, ni plus ni moins.

« Est-ce dont cela que j’ai rependu durant toutes ces années ? Est-ce donc cette lumière qui devrait être si pure ? Nul être aujourd’hui n’est pur, tous ne pensent qu’à eux, qu’à leur besace et rejoigne les rangs les plus nombreux pour espérer garder la vie. Leur seule lumière ? Celle de leur être, celle-ci les inquiète vraiment, la véritable lumière, non. A mon tour, la lumière me quitte.»

Laissant la colère monter en lui, Igust baissa soudainement les bras le long de son corps, sa tête comme lourde de pensées tomba, menton contre sa poitrine. Et en regardant une fleur allant au gré du vent, de droite à gauche, de gauche à droite il dit :
« Finalement, après être beauté, tu seras fanée et incarnera la mort. Et voilà l’ordre simple des choses…»

Se retournant vers la cité de Bonta, il songea à tous ces êtres n’ayant pas conscience pleine de ce qu’ils doivent réellement représenter. Chacun pour soit, et Dieu pour tous. Adorateurs d'une supercherie. Le chemin et les dessins de la cité Blanche ne convenait plus à Igust, ou plutôt, il ne voulait plus leurs convenir… Pris de rage en voyant ce pourquoi il s’est battu toutes ces années balayé il serra de nouveau les poings et cette fois saigna en enfonçant ses ongles dans la paume de sa main. Une larme de sang coulant le long sa joue révélant le désespoir qu’il avait développé.
Tout à coup, la douce brise qui caressait Igust jusque là, se transforma en violent et puissant vent. Une voix résonnait, grave, rocailleuse :

« L’OMBRE IGUST, L’OMBRE »

Sous cette rafale, Igust se cogna contre l’arbre, pris de peur et perdit connaissance […]

Nuit voleuse, ombre d’une lumière qui n’existe plus.
Les paupières étaient lourdes, la tête encore entachée de sang séché. Igust empoigna l’herbe qui céda sous ces forces. Relevé, il constata que le coin de verdure où il était installé n’était plus que le résultat des flammes, comme brûlé. Les couleurs vives laissaient place au rouge pourpre des cendres.

Les yeux fermés, des images d’horreurs lui venaient, sanguine, de souffrance. Il les comprenait et voyait ces images comme la révélation de ce pourquoi il s’était battu jusqu’ici. Son résultat, chaque combat n’était qu’en fait un bout de chemin vers la destruction, la corruption, Igust en avait fini.

« Je pars maintenant menait mon combat, avec mes propres règles. Djaul, je t’ai entendu, le seul Dieu qui n’a jamais vraiment guidé mes pas. Tout est clair. »

Il découvrit une nouvelle Utopie, un nouveau monde, une nouvelle façon de voir les choses.
Le nom d’Igust sera dès à présent teinté de Brume, emprunt de pourpre.
D’un coup, Igust décida de se couper les ailes blanches pour marcher vers la cité Rouge.
Plus de place pour l’émotion.
Les êtres qui en éprouvent souffriront pendant que moi, je serais derrière eux, poignard à la main.

« Non Bonta, je ne t’aime plus... »

Début de soirée dans la cité sombre, Malm marchait dans les rues à la recherche de volontaires pour la boucherie du 29 Martalo. En passant par la milice où il inscrivait régulièrement le nom des nouveaux volontaires, le noble Feca eu vent qu'un disciple de Xelor, et non des moindres, avait quitté la cité blanche pour rejoindre les rangs de Djaul. Pleinement satisfait, Malm alla à la rencontre d'Igust afin d'évaluer sa motivation et s'il avait l'étoffe d'un bon Brakmarien prêt à faire le mal, mais le faire bien.

Après quelques minutes d'entretien avec le nouveau venu, Malm conclu la discussion comme cela :

- Eh bien, je vois que tu es passé du 'bon' coté. Mais j'ai quelques doutes sur ta faculté à affronter les emplumés étant donné que tu dois t'être intimement lié avec certains. Ce n'est pas là le problème, c'es juste de savoir si tu pourras mettre cette amitié de coté lorsque vous serez face à face.

Afin de devenir un vrai Brakmarien et être de ceux qui arborent fièrement les ailes de cuir et de sang, j'aimerais te voir a nos coté le 29 Martalo, et écraser sans remords les misérables qui oseraient s'opposer à nous.

Aussitôt la requête achevée, d'imposantes ailes se déployèrent et propulsèrent le Feca haut dans le ciel sombre ne laissant pas le temps au Xelor de dire quelque chose, à présent, c'est par ses actes qu'il devrait faire ses preuves...

Le féca envolé, Igust continua à déambuler dans les rues de la cité Rouge. Le sol craquant sous la lave en fusion, chaleur des flammes... Décor sombre et morbide, inspirant l'insouciance et la liberté des actes... Faire le mal et le répendre, plonger le monde des douzes dans la chaos et renverser les guerriers lumineux.
Il ira livrer bataille au nom du Dieu Djaul, combattant toutes ailes blanches se dréssant sur son passage. Alors dans un coin d'une rue sombre, il se mit à attendre l'heure tant attendue, mettre à feu et à sang la cité lumière.

L'heure approche...

Je reviens où mon cœur a laissé sa dernière larme.
L'horloge du temps s'écoula et la rage aussi...

Igust était maintenant de ces anciens à qui l'on demande son chemin car on sait que leurs expériences a fait connaître les recoins du monde des douze.
Perdu dans les plaines de Cania il utilisa sa dernière potion de rappel. Orné de ses ailes rouges sang, il atterrit en plein Bonta. C'était un coin de Bonta encore jamais exploré, seules les lumières intenses et étincelantes prédominées. Il se présenté à l'imagination d'Igust comme un lieu de beauté et de délice comme s'il avait foulé du pied une terre encore jamais explorée.

Le sol était brillant et le ciel d’un azur sans limite. Alors apparut devant lui en une aura un spectre éblouissant le visage de Jiva.

« Bonjour Igust, est-ce moi que tu voulais voir ? »

Dans un élan de répulsion Igust s’éloigna d’un saut en arrière en marmonant :
« Non... C'est impossible. Jiva n’existe plus, en tout cas, plus dans mon cœur, ce Dieu n’existe plus pour moi! Tu es le responsable de ma virulence, de ma violence, tu es le responsable de tout mes tourments !»

«Eh bien, si j’étais Dieu, je te dirais surement : Si tu pouvais voir, comme moi, à l’avance, le ruban des années à venir, tu serais plus virulent encore, mais tu détournerais ton accusation vers le vrai responsable. Si tu voyais plus loin… Tu verrais que le monde sera synonyme de chaos dès lors que tous les ignorants de la vérité rejoignirent les rangs du mal comme toi, Igust. La peste brume ravagera le monde des Douze et le plongera dans l’obscurité, étrange n’est-ce-pas que l’on puisse avoir la haine envers sa propre espèce ? Et il y aura d’autres pestes, non pas des maladies, mais la pire maladie que l’homme aura pour lui, lui-même. L’origine de cette guerre est cet orgueil que le mal a, cette envie de dominer, de prouver que l’un est plus fort que l’autre. Jamais l’orgueil n’aura fait de tels ravages. Il fut un temps où l’orgueil des malins du monde des douze défiait Dieu ; Maintenant ils veulent l’écraser. Et tout comme toi, tous les ignorants de Dieu, moi, rejoignant le rang adverse par facilité, à cause de cette épine dans le pied qui leur fait ressentir le doute. Vous ne vous contentez pas de vous battre pour ce que vous croyez, pour vos convictions, vos croyances, il vous faut l’appel de Dieu. Et en l’absence de maître, vous légiférez et semez le chaos. Être le maître… ! Jamais cette folie ne vous prendra de front comme ce siècle. Le maître de la nature : Et vous souillerez la terre par le feu. Le maître des autres : Et vous imposerez votre courroux dans les terres d’Amakna, dans les marchés de partout, sur les âmes innocentes. Le maître du monde : Et vous imposerez votre puissance à tous. Vous construirez des temples à l’effigie de Djaul, ce Dieu amère et traître qui manipule, déjà selon moi destitué de sa divinité que de part son impartialité. Tout Dieu, même aussi Horrible soit-il devrait avoir un œil objectif et maintenir l’équilibre. Parce qu’en vérité, les fuyards comme toi ne se vouent pas au culte de Djaul, ils n’y pensent même pas, il fuit juste l’endroit qu’ils ne veulent plus voir, alors ils vont là où il ne risque plus de le recroiser, dans le camp adverse, couler le sang. Et quand tout cela se réalisera vous vous demanderez, une fois que Djaul sera maître vous traitant comme esclave « S’il vous plaît, quel est le sens de la vie ? » personne ne pourra vous répondre. Ce sera votre œuvre, à toi et à d’autres. Voilà ce que vous ferez de grand dans ce siècle, délogerait le Moon de son île, arracherait le Dragon Cochon de son antre, casserait les cornes du Crocabulia au profit d’argent. Vous expliquerez vos actions par Djaul. Et Djaul par un culte inconscient. »

Igust sous le choque murmura...
« Je n’ai pas voulu cela…»
Se frottant les yeux, il s'exclama :
« Non ! Cela n’est pas possible ! Viens te battre si tu es Jiva ! Montre-moi ! »
« Attention Igust, l’épine… L’épine… On nourrit la foi par la foi, et non pas par les preuves. Laisse-toi donc allé à croire. Toi et les tiens suivaient la voie de l’avenir des douze, vous et d’autres pouvaient encore sauver le monde du sombre chaos qui vous attend, la bataille sera longue et dure. »

Faisant apparaître une aiguille dans sa main Igust se préparé à la lancer… Il chuchotta

« Je veux en avoir le cœur net, si tu es Jiva, tu ne sentiras rien. »
Dans un éclat de lumière, Igust réapparut au côté du zaap, jetant son aiguille sur un jeune écaflip ayant eu le temps de l’ésquiver avant de lui jeter un « malade ! »
Serrant son poing, une larme sur sa joue, Igust marcha en direction de la cité Blanche. En paix, l'âme et le coeur désemplis de haine et de colère. Il senti son coeur s'emflammer d'un enthousiasme qui l'éleva jusqu'au cieux.

La guilde passe avant tout. Il existe...